Dans la salle du restaurant La Blanche Hermine, dans le quartier du Jardin public, à Bordeaux, tout le monde broie du noir. Dans un peu plus de deux mois, plusieurs rues étroites du secteur verront défiler une multitude de bus, déviés pour cause de chantier du tram D sur l'axe Fondaudège-barrière du Médoc. Les habitants mécontents ont créé une association, lancé une pétition et - s'estimant « pris pour des cons », comme l'un d'eux le répète - ils veulent maintenant saisir la justice.
Ce matin, les membres de l'association Faubourg Traverse ont rendez-vous chez l'avocat. Ils
veulent étudier la faisabilité d'un référé devant le tribunal
administratif contre l'arrivée des bus dans les rues de la Course,
Mandron, Camille-Godard, Labottière et Ducau. Soit un réseau de
voirie plutôt étroit et qu'ils estiment trop fragile pour supporter le
passage, à partir du mois de septembre, de 500 bus de Kéolis chaque jour
(250 dans le sens Bordeaux-barrière du Médoc, autant dans l'autre
sens).
« Nous avons plusieurs angles d'attaque, explique le président de
l'association, Arnaud Marquès. D'une part, quand des travaux dépassent
un certain montant, il doit y avoir une concertation préalable avec les
habitants, dans des formes précises. Or, certains ont été à des
réunions, on nous parle de 250 personnes, mais on ne sait pas vraiment,
il n'y a pas de liste d'émargement, tout le monde n'avait pas été
convié… D'autre part, il existe un arrêté municipal qui interdit la
circulation des véhicules de plus de 19 tonnes sur une partie de la rue
de la Course, dont le sous-sol est fragile. Or, certains bus à double
corps pèsent près de 30 tonnes. Nous pouvons faire valoir ces arguments
dans un référé. »
Le 4 juin, l'association a écrit à Alain Juppé, maire de la ville et
président de la Communauté urbaine, qui est responsable des travaux de
voirie, de la gestion des bus, et du chantier du tram sur Fondaudège,
qui est à l'origine de tout. Pas de réponse. « Ils se foutent de nous !
», entend-on dans la salle du restaurant. « Nous ne sommes pas du tout entendus », dit un autre.
Le point de vue de la maire adjointe du quartier, Anne-Marie Cazalet,
est tout autre. « Nous avons tout fait pour que les gens soient informés
et pour limiter les nuisances. On ne pouvait rien faire de plus »,
rappelle l'élue. Selon elle, deux itinéraires de déviation des bus
avaient fait l'objet d'une concertation, mais c'est un troisième
itinéraire qui a été finalement retenu, trop tard pour être concerté sur
toute sa longueur.
Au départ, les bus devaient passer à double sens par la prestigieuse rue d'Aviau. Mais d'une part, ses habitants s'y sont opposés en montant eux aussi une association, et d'autre part, «
certains ayant leurs entrées à la mairie » selon Faubourg Traverse, ils
sont parvenus à convaincre Alain Juppé de ne pas mettre tous les bus
sur Aviau. Ce sont donc les rues autour, moins larges, qui les
recevront.
Sauf si les troupes d'Arnaud Marquès arrivent à se faire entendre elles
aussi. Leur pétition a recueilli plus de 750 signatures, contre 350 pour
celle de la rue d'Aviau. L'association publie aussi sur son site
Internet des photos prises cette semaine. On y voit les embouteillages
créés par une première vague de bus déviés. Une longue file dans la rue
de la Course, qui ne s'extirpe du bouchon final de la place Paul-Doumer
qu'au compte-gouttes.
Mais la maire adjointe est formelle : il n'y a « aucune possibilité de trouver un autre itinéraire que celui-là ».
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